Autobiographie

Je pourrais me dire que tout a commencé en 1984 mais de cette merveilleuse année au cours de laquelle je vis le jour, je ne me souviens pas de beaucoup de choses. Amputée de 17 jours, c’est aujourd’hui, avec l’année en cours, la seule que je n’ai pas vécue dans son intégralité.

Je pourrais décrire chacune de mes années d’enfance, de jeunesse et d’adolescence, mais ça n’apporterait pas grand-chose à mon parcours artistique. Parce qu’avant tout, ce qui vous intéresse, ce sont mes projets et mes créations… Enfin, je crois.


1998, la fin du XXe siècle annonce le début de mes maux et les mots qui les accompagnent. Poésie et prose se mêlent à mes sentiments – exutoire de mes pensées qui ne trouvent pas la voie de la parole.

Mon premier roman (inachevé) naît de ma première rupture amoureuse. A l’Ouest de l’Indien ne sera qu’un échappatoire à mon amour parti…


Un somptueux panorama s’offrait à nos yeux émerveillés. Une palette d’aquarelles vertes rendait la surface de cette sphère magnifique. Il ne manquait à cette toile qu’un trait de pinceau, qu’un aplat de brosse noire, pour indiquer qu’il y avait de la vie sur la planète.

Soudain, nos yeux furent aspirés par une tornade de bleus qui venait effrayer la palette verdâtre des champs fleuris d’arcs-en-ciel. Nous entendions de notre voiture sidérale les remous fracassants d’une mer agitée. Le vent nous déportait de notre trajectoire. Il fallait que l’on se pose.


Le début du XXIe conduit mon corps sur les planches avec quelques premières scènes lycéennes. Les textes d’une camarade de classe, Zohra Taouil, m’amènent à jouer deux années de suite dans Quand papa et maman sont pas là puis Soirée Pyjama. S’en suit également Des Jumeaux de Thierry Danard en 2002. C’est cette année que j’écris également ma première pièce intitulée L’amoureux qui ne sera jamais jouée.


Puis, de maux en mots, les poèmes prennent la forme de textes courts, nouvelles expresses et expressives sur le continent amoureux.

4, Impasse d’En Cypria voit le jour en 2003. Le manuscrit est envoyé à de nombreuses maisons d’éditions sans grand enthousiasme de leur part. le projet terminera dans un placard avec quelques textes pourtant intéressants.


Un soleil pâle, éblouissant, d’où cherchent à s’échapper une quantité infinie de protubérances rougeoyantes. Il étincelle et brille de mille jaunes, même dans les sombres métros où le gris de la ville aux hautes formes géométriques y engouffre ses cadavres vivants.
Ils ne savent pas qu’ils se déplacent comme des zombies, des robots à travers les couloirs de néons et de tags. Ils se cherchent sans le savoir, et surtout sans se trouver. Toujours les mêmes.
Les gens se glissent, toujours à la même heure, toujours dans la même station. Ils attendent toujours sur le même quai, toujours à la même place. 20 Minutes dans les mains, pas une de plus.
Ils ne voient pas les autres, ils ne détournent jamais leur regard du noir tunnel qui apporte le long convoi dans lequel ils vont s’engouffrer. C’est à croire qu’ils sont des animaux domestiqués, des chevaux aux œillères invisibles.

L’année suivante, Au-delà du délire ! sort de mon esprit tordu – pièce de théâtre délirante sur le rêve d’un homme dans le jardin d’Eden. La comédie se verra montée par une troupe associative nouvellement créée, Histoires de Scènes. Hélas, l’association avortera avant même sa première représentation – expérience enrichissante et décevante à la fois.


Lilith : Allô Docteur ! ... Oui ! ... Vous pouvez venir s’il vous plait ! J’ai besoin de votre diagnostic ! ... Oui! ... Merci ! … A toutes !

Elle s’allonge et attend Le Docteur. Entre Le Docteur.

Docteur : Bonjour !

Lilith : Bonjour Docteur !

Docteur : C’est vous qui m’avez appelé ?

Lilith : Oui !

Docteur : Que puis-je pour vous mademoiselle ?

Lilith : J’ai un doute, une petite interrogation qui trotte dans ma tête…

Docteur : Je vous écoute.

Lilith : Je voudrai savoir si je suis enceinte.

Docteur : Qui ?

Lilith : Moi !

Docteur : Vous ?

Lilith : Oui !

Docteur : Vous avez goûté au fruit défendu ?

Lilith : Oui !

Docteur : Oh ! My God !

Lilith : Why ?

Docteur : Because to eat the prohibited fruit, because to be the first to eat the prohibited fruit is very dangerous for the umanity!

Lilith : Really ?

Docteur : Yes !

Lilith : Oh !

Silence.

Lilith : Alors, suis-je enceinte ?

Docteur : Je vais regarder. Je n’ai jamais vu de femme enceinte, je ne sais pas à quoi cela ressemble, je n’en connais même pas les symptômes. Je vais quand même voir ce que je peux faire pour vous.

Attendez-moi là, je vais cherché mon livre de médecine et je reviens vous voir, il doit être écrit à l’intérieur si vous êtes enceinte ou pas. Ne bougez pas, je reviens tout de suite !


2005, changement de moyen d’expression. Ayant découvert la création de sites Internet, je me lance dans la conception d’un site sur trois petites souris : Mickey 3d avec Le web a peur. Il s’agit du premier projet artistique que je réalise et qui trouvera un public : les fans mais aussi le groupe qui citera le site comme référence. Le chanteur, Mickaël Furnon, me confiera même quelques années plus tard les connexions Internet de son projet personnel, Mick est tout seul.


Septembre 2005, je rejoins Scéniques Kyrielles, atelier universitaire dirigé par Jean Bonnet avec qui je monterai deux spectacles basés sur l’improvisation (Variations sur le Pétage de plombs & L’air du temps). Je rencontre aussi la troupe du Four à Pain de Villers-sur-Trie avec laquelle je termine la saison de la pièce Les parasites sont parmi nous d’Yvon Taburet.

L’année suivante, l’écriture et la scène se rejoignent pour la première fois et une seconde création rencontre le public. 1000 personnes pour être exact. Où vont les canards ?, satire de la télé réalité, sera montée et jouée par la troupe du Four à Pain. Rires et fous rires sont aux rendez-vous.


Albert : Ah ! Albert ! T’as pas changé mon vieux, toujours aussi séduisant, elles tombent toutes dans tes griffes. (Entrent Simone et Bernadette) Mon pauvre Albert, regarde-moi ce qui rentre, c’est bien loin de la beauté exceptionnelle de cette infirmière sulfureuse. Je préfère aller me coucher pour la rêver plutôt que de contempler une seconde de plus ces deux greluches. Regarde-moi cette Simone, cette Jet-setteuse parisienne qui a certainement aujourd’hui autant de rides qu’elle a eut d’amants. Et Bernadette, plus gâteuse qu’elle tu meurs. On n’a pas dû l’emballer souvent dans sa jeunesse. Je vais prendre l’air, je ne supporterais pas de rester plus longtemps ici.

Bernadette : Qu’est-ce qu’il dit ?

Simone : Aucune idée. Que dites-vous Albert ? Nous ne vous comprenons pas.

Albert : Rien, laissez tomber, je disais que j’allais prendre un peu l’air vivifiant de dehors.

Simone : Vous savez, en Plaine Saint-Denis, je ne sais pas si vous allez trouver de l’air pur. De la pollution tout au plus, des bruits de klaxons et des injures genre eh zi-va là, les vieux sont dans le tube cathodique… Hi hi hi !

Albert : Vous vous répétez Simone, vous vieillissez mal. Allez, je vous laisse. Bonne soirée Mesdames.


De séparations en histoires courtes, entre 2007 et 2008, ma vie sentimentale est un chaos de sentiments. Où suis-je ? Où vais-je ? Les mots reviennent au galop en exutoire de mes amours. Naît un premier recueil, Les coquelicots sont éphémères, bilan de mes amours passées. Il trouve le chemin de l’auto-édition début 2008. 80 exemplaires sont vendus.


Lola s’allonge dans l’herbe, Tristan l’observe. Son corps étendu de tout son long met en valeur sa beauté. Ses proportions sont gracieuses, ses cheveux châtains et ses yeux noisette en amandes surplombent un tronc aux formes alléchantes. Un chemisier figue au décolleté légèrement suffisant consume son regard. Deux boucles couleur ambre ornent ses oreilles. Son corps se termine par des jambes croisées, masquées par une jupe feuilletée rouge. Trois, quatre doigts écureuils parcourent le torse de Tristan.

Son visage finement bridé aux allures vietnamiennes est parcouru par un sourire charnel. Ses cheveux noirs s’ébouriffent dans la légère brise. Une chemise verte déboutonnée cache par endroits son torse brioché. Les petits doigts de Lola  commencent à opérer. Un vulgaire jean troué termine son corps avalant deux jambes rabattues l’une sur l’autre.

Entre baisers humides, morsures félines et caresses jouissives, Lola et Tristan se dévêtissent pour s’offrir l’un à l’autre.


En octobre 2018, après un récit fantastique et mailistique au-dessus de La Baignoire, paru en deux exemplaires, un second recueil plus travaillé et plus sombre, naît de mes cendres lacrymales. Nuages de Princesses est un travail sur le je, sur l’adolescence au féminin.

12 jeunes filles parlent d’amour à différents âges sur fond de faits divers. Livre abouti dont je suis très fier, ne connaîtra pas le même succès que son prédécesseur – la couverture y est sûrement pour beaucoup mais le travail photographique de Tsuki est plus qu’intéressant.


Les larmes coulent sur mes joues. Elles se frottent au rimmel. Elles se cognent contre mes lèvres que ma langue cherche à repousser. Elles insistent, elles sont toujours plus nombreuses. Quand les gestes grossiers de mes poignets en font reculer certaines, d’autres s’engagent alors à la sortie de la rétine. Je ne peux faire autrement que de les laisser venir amères jusqu’à mes lèvres.

Un jour viendra où pour pleurer il nous faudra pleurer pour avoir des larmes ! Des fois, il y a des chansons où les paroles semblent dénuées de sens. A y réfléchir, ça ne doit pas être faux. Lorsque tout le liquide lacrymal a fini par s’écouler sur le visage, on ne peut plus pleurer. Alors que pleurer fait tellement de bien. C’est comme sourire au bonheur. On pleure pour évacuer tout le plaisir et toute la joie emmagasinés durant des jours, des semaines, des mois, des années. Voire même des siècles.

Dans la vie, on rit, on jouit et on pleure. On tombe sous le charme, on tombe sur un dessus-de-lit et on tombe de très haut quand on s’écrase. Au final, on ne fait que tomber. Ne dit-on pas tomber amoureux ? Pleurer n’est que la suite logique du bonheur. Alors, une personne qui pleure est une personne qui a été heureuse.

J’ai été heureuse. Je ne vais pas le cacher. Je m’étais pourtant dit qu’avec celui-ci, ce ne serait que du plaisir. Rien de plus. Etrangement, le plaisir se dégrafe, les corps s’agrafent et on devient sans s’en rendre compte trombone de l’autre. Punaise, ça fait chier de toujours s’attacher ! Putain de super glue !

Lui aussi, s’est attaché à moi. Il a eu peur. Alors, ça peut se comprendre… Oui, mais non ! Si une histoire aussi simple et belle que celle-ci ne peut conduire nulle part, je me demande ce qu’est une histoire sans failles.

Finalement, il n’existe toujours que deux issues. Atterrissage brutal ou crash ? Amerrissage forcé ou noyade ? Dégringolade ou saut dans le vide ?


Mi-2009, avec Aurélie Gallois, nous nous lançons dans le projet d’une association culturelle, Art Niak, dont l’objectif est de mêler les arts entre eux. De cette association naissent deux livres illustrés, un pour les adultes, Les points sur les i, la véritable histoire de l’humanité, et un pour les enfants, La tête dans les étoiles.


Les hommes avaient besoin des lettres pour s’exprimer. Les deux parties se réunirent autour d’un feu de joie dans l’espoir d’enterrer les H de guerre. Un homme et une lettre discutaient durant des heures. Ils cherchaient un terrain d’entente :

—    Nous voulons vivre libres ! Les lettres attendent vos propositions.

C’est en ces mots que commença le long dialogue devant conduire à la réconciliation. Ils argumentèrent sur de nombreux points. Les lettres convenaient de partager le monde des hommes sous certaines conditions que les hommes acceptaient.

Le Jour J venait d’arriver. Les hommes et les lettres allaient vivre sur un même pied d’égalité. Le P lui-même vint signer l’accord avec le chef des hommes.

Et voilà que le monde tournait sur un même centre de gravité. Les hommes invitaient les M à embellir leurs vies sentimentales. Les A créaient une nouvelle discipline dans le cursus des hommes : les cours de phonétique.


L’année suivante, je retrouve l’association pour une exposition collective où je présente mes premières photographies et où j’écris onze poèmes pour illustrer Onze couples joyeusement torturés d’Aurélie ainsi que Les 7 pêchés capitaux de Laë.


Gula, fille de Belzebuth, nièce de Gargantua et cousine éloignée d’Hansel et Gretel… Hum ! Et je sens déjà que vous la dévorez des yeux, que vous vous en délectez les mains et que de votre langue sur le contour de vos lèvres vous la dégustez tel un mirage de victuailles. Dès qu’elle aura posé le pied sur la Terre, vous y croquerez à pleine mâchoire au point de vous y casser les dents, telle une cerise sur le gâteau encore ennoyautée.

Mortels sans goût qui vous satisfaites de si peu de saveurs – de quelques baies cueillies à l’arrache ou de légumes sauvages froids et crus – je vous propose de vous délecter de mets bien meilleurs. Découvrez le feu et cuisez en fusion tout ce que vous trouverez sur votre passage.

Embrochez-vous ! Saucez-vous ! Sucez-vous ! Tartinez-vous ! Avalez-vous ! Braisez-vous ! Et plus que tout, goinfrez-vous et emplissez vos estomacs jusqu’à exploser de trop avoir mangé.

Tuez ces bêtes que Dieu-le-Père a imaginées pour vous accompagner dans votre triste existence. Cuisez-les et croquez-les avec l’envie d’en connaître d’avantage… Eventrez-les afin de varier les plaisirs et devenez meurtrier engraissé par votre gourmandise…


En compagnie de Laë, nous nous lançons dans de nombreux projets artistiques. Textes et illustrations avec Lucifer, récit fantastique et sentimental avec Elleza, projet de contes illustrés et détournés.

En parallèle, je rejoins le Théâtre de la Passerelle avec qui je joue Le Père Noël est une ordure. Courant 2010, la pièce connaît un grand succès dans les salles où nous nous présentons.


Devenu papa, je mets mes projets en pause. La fièvre créatrice me poursuit quand même. Une rencontre quelques mois auparavant avec Rébecca Grammatyka, conduit au montage d’un de mes textes, Vent Divin, dans lequel je n’interviens pas.


Je déambule dans les rues sombres de Tel Aviv, seule, bien après le couvre-feu, évitant de mon mieux les soldats de l’armée ennemie.

Je me demande si c’est une bonne idée. Allez savoir ! Seul Dieu le sait et seul l’avenir le dira.

Parfois, au croisement de deux rues, j’hésite sur le chemin à prendre. D’un côté, il y a un avenir, le mien, celui que je  pourrais construire. Je me mets alors à rêver de mon futur : un mari, des enfants, une maison, la guerre aussi. La guerre surtout.

Je m’imagine, un court instant, heureuse dans une petite maison chaleureuse, une petite maison au milieu des ruines et des décombres, du sang et des mitrailles, des cadavres et des enfants innocents morts pour je ne sais quoi… Assez !

Quand à l’autre chemin, il est bien plus court, il ne m’offre plus qu’une nuit sur la terre, une nuit étoilée comme jamais. Il ne me propose que quelques heures à vivre, quelques heures de solitude dans Tel Aviv, quelques heures à flâner et déambuler dans les rues où l’espoir reste invisible.

Dieu me tend les bras, c’est sûr. Les étoiles que j’entrevois là haut, si je prends le second chemin, je pourrais les toucher, les embrasser pendant toute l’éternité qu’il me resterait à passer dans le ciel, les enlacer durant tous les moments que je passerais dans les nuages. Le paradis n’est pas sur Terre, il est sûrement ailleurs. Dans le ciel peut-être.

J’emprunte alors le second, celui qui ne mène nulle part, celui qui m’entraîne ailleurs, celui qui me promène encore un peu dans la ville en sang.


Les tiroirs recèlent de trésors et j’avais adapté en roman ma pièce de théâtre Au-delà du délire ! Suite à une rencontre avec une éditrice sur un salon, une édition d’un de mes livres est programmée. Eden sort en 2011, le jour du printemps. Une aventure loufoque à souhaits dans les méandres de la Création.


Contrat de Mission entre les soussignés : Dieu, Créateur de la Création depuis la nuit des temps Et Pierre, né au début de l’ère chrétienne en Galilée, domicilié au Paradis

Il a été convenu et arrêté ce qui suit :

Art. 1 :  Pierre est recruté pour une mission de sept jours à compter du Premier Jour.

Art. 2 : L’unique mission de Pierre est d’imaginer la Création du monde en conservant l’homme, dénommé Adam, et la femme, dénommée Eve.

Art. 3 :  Pierre ne sera rémunéré que par la reconnaissance de Dieu.

Art. 4 : Comme convenu avec Dieu, Pierre ne bénéficiera d’aucun congé sur ladite mission, étant donné que ladite mission est opérée sur ses jours de repos autorisés par son autre contrat.

Art. 5 : En aucune raison, Pierre ne sera autorisé à prendre congés de cette mission. Le cas échéant, il se verra banni à jamais, sans passer par le purgatoire.

Art. 6 : Dieu pourra, cependant, s’il juge le travail de Pierre mal accompli, lui retirer ladite mission, à n’importe quel moment et sans préavis.

Fait au Paradis, en double exemplaire, la veille d’un Premier Jour.


Carrers del Amor, une série de photographies autour des déclarations d’amour en plein jour, tourne aussi dans quelques expositions du Vexin.

En fin d'année, Maman s'en va, emportant avec elle un bout de moi...


En 2012, un projet de plongé dans les contes de mon enfance prend forme. Initialement illustré par Laë, le recueil prend forme en parfaite autonomie. J'écris les textes et conçoit en parallèle onze portraits photographiques. Août 2012, avec la participation de onze modèles et les précieux conseils de Xavier Blondeau à la lumière, les portraits sont tirés.

Fin d'année, deux séries de photographies existent. Les Contes de Sarerrac et Histoire d'amour sont deux concepts mêlant photos et textes.

28 février 2013, 100 exemplaires de mes Contes de Sarerrac sortent des presses de l'autoédition et n'attendent qu'une chose, plaire au plus grand nombre… Il ont tous été écoulés.


Triste Aurore, alors qu’elle n’est pas encore née, elle dort sise dans le ventre de sa mère, à moitié engloutie dans son liquide amniotique. Sombre fœtus dysharmonique.

Triste Aurore, alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, elle vit au rythme effréné d’une princesse égarée en un royaume agressif où l’image de la femme est extrêmement dégradée. Victime d’anémie et d’asthénie. Sombre enfant anorexique.

Triste Aurore, alors qu’elle n’est qu’une adolescente à l’aube de sa vie, elle s’endort pour cinquante-deux millions cinq cent soixante mille heures de sommeil. Sombre enfant amnésique.

Triste Aurore, alors qu’elle n’a quasiment rien connue de la vie, un type se prétendant Prince débarque dans son sommeil de plomb aux odeurs de formol pour l’embrasser sur ses lèvres sèchement ridées de plus d’un siècle. Sombre enfant rachitique.

Triste Aurore, alors qu’elle n’est âgée que de cent quatorze ans, elle se voit contrainte, sous la pression de ses parents grabataires, d’accepter comme époux cet homme dont elle ne connaît rien. Et si elle était homosexuelle ? Sombre enfant alcoolique.

Triste Aurore, alors qu’elle partage sa vie avec un homme blond et imbu de lui-même, elle passe ses journées à se demander ce qu’aurait été sa vie si elle n’avait pas passé un siècle endormie sur sa couche. Et si elle avait traîné les night-clubs et les pubs ? Et si elle avait partagé une collocation avec un étudiant en droit, une prostituée et un quarantenaire célibataire ? A trop penser à sa vie qui lui échappe, elle en devient folle. Sombre femme neurasthénique.

Triste Aurore, alors que son soi-disant Prince charmant l’a quitté et que ses parents ont passé l’arme à gauche (décevant pour des nobles de cet acabit), elle hérite d’un magnifique château si peu entretenu et d’une fortune qui ne se résume même pas à un centime. Elle finit par se dire que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Elle se suicide sans bruit, aiguillée sous un chêne multiséculaire. Sempiternel cycle de la vie. Sombre femme atypique.


Le 9 novembre 2013, je publie Dix ans déjà, mon premier thriller. Commencé début 2010, il trouve la voie de l'autoédition 4 ans plus tard, accompagné d'une préface de Yoli de Alba, fidèle lectrice. Le livre plonge le lecteur dans un huis-clos normand entre la noirceur des livres policiers anglais et le glauque des films d'horreur.


« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir. Le lien qui vous unit ce soir semble ressurgir dans vos esprits. Mais ne le laisser pas vous envahir, l’un d’entre nous a tout bonnement voulu réunir ses amis d’enfance pour un week-end inoubliable. Il a choisi ce cadre idéal, sélectionné des mets véritables, vous a retrouvé pour vous proposer ce que vous adoriez tant étant jeune. Vous avez acceptez et il vous en remercie. Durant les quelques jours à venir, je serais votre unique interlocuteur avec l’extérieur. Vous ne pourrez pas me parler, je serai le seul à pouvoir entrer en conversation avec vous.

Vous verrez que vous n’aurez pas à le regretter et que personne d’autre ne pourra vous envier par la suite. Ce week-end restera indélébile.

La soirée débutera ce soir après le dessert, lorsque vous gagnerez vos chambres. Vous serez informé, chacun, individuellement, avec la plus grande confidentialité, du secret avec lequel vous évoluerez. Je tiens à préciser que les règles ne changent pas de celles que vous connaissez déjà. Toutefois, ce soir, vous ne serez pas autour d’une table mais dans vos chambres, liés par un couloir commun. J’espère que vous apprécierez cette variante qui, selon moi, se verra inscrite dans les annales pour les siècles à venir. »


Une année s'achève sans création... Quelques textes de-ci, de-là, des ébauches, des débuts, des avortements... Deux projets en gestation, dont un en compagnie de Laë... Nous vous le dévoilerons peut-être l'année prochaine... Toutefois, si je n'ai pas été créatif, au sens personnel et littéraire du terme, j'ai été un peu comme un éditeur pour quatre projets :

  • Octostrophes, le recueil des élèves de l'atelier d'écriture, celui de l’atelier 2013-14, nouvelles éclectiques d’une grande qualité.
  • Le voyage, projet personnel d'une des participantes à l'atelier, édité uniquement pour le groupe.
  • Serendipity, recueil des poèmes d'une amie pour ses trente ans, un seul exemplaire mais qui devrait voir naître d’autres projets.
  • La décision, projet pour lequel j'ai écrit la préface et dont la sortie officielle, destinée au commerce, n’a jamais été programmée.

L’écrit vain n’existe pas. L’écrivain, averti, use de son azerty pour offrir et partager avec le lecteur un moment unique. Un instant privé entre eux deux par l’intermédiaire du livre.


2015 : A l'Ouest de l'indien fête ses quinze ans, Le web a peur ses dix ans. En résumé : heureux non-anniversaire moi-même !

Sept ans après avoir édité la première version des nuages, une nouvelle édition voit le jour agrémentée de nouveaux textes et de 22 photographies en couleur : Nuages de Princesses 2.


Bien des couples ont croqué cette étape. Pas facile de faire autrement lorsqu’on se promet pommes d’amour, monts et merveilles. Et quand le plaisir de l’un enveloppe le désir de l’autre, on n’attend qu’une unique chose, avoir son propre nid douillet. Eggs & bacon au petit déjeuner. Croque-Madame le midi. Crêpes sucrées au goûter. Omelette aux champignons pour le dîner. Les œufs dans les œufs. Au poil. Tantôt brouillés. Tantôt remontés. Tantôt à la coque.

On s’aime. Un peu. Beaucoup. À la folie. Passionata. On se bécote, on se dit des mots doux. Tendre cœur de bœuf s’épanchant sur la planche à découper. Viande saignant de plaisir ou tartare d’envies.

Une clé pour l’un. Le double pour l’autre. Nos deux noms sur la boîte aux lettres. Compte commun. Boîtes de conserves en guise de dîner aux chandelles. Moutons élevés dans les rubiconds. Cocotte-minute ou blinder : cadeaux de Noël utiles aux deux. Tout cela forme et façonne le quotidien de deux êtres en concubinage. Un coq et sa belle poule.

La recette est connue de tous : une goutte d’huile dans le wok de l’amour et la cuisson commence. Quarante-cinq kilogrammes de chair rose et quarante-cinq grammes de nylons qu’il faut délayer en guise de préliminaires. Trois pincées de gingembre pour épicer le tout, une gousse d’ail pour les blessures qui referaient surface et vingt-cinq centilitres de cidre pour bien arroser la soirée.

La préparation laisse échapper des odeurs olfactives délicieuses. On frôle l’orgasme gustatif en même temps que la petite mort. Mi couple. Mi colloc’, la recette ne se trouve aucunement dans les livres de cuisine. Pourtant, il s’agit bel et bien d’une spécialité culinaire internationale.

Puis un grain de sel vient enrayer la plaque de cuisson. Il y a de l’eau dans le gaz. Le plat carbonisé, jadis comique, devient dramatique et prend des airs d’œuf pourri. On passe notre amour à la machine mais les couleurs d’origine ont déteint et les sentiments en ressortent délavés. On casse la vaisselle. On mange à contrecœur. Quelques renvois.

La vie de couple trépasse. Comme si sous le cuir-chevelu était tatoué à l’encre  noire d’un poulpe agonisant, une date de péremption tout comme sur les pots de yaourts, une période minimum d’engagement à la manière des abonnements téléphoniques. Le pouls éreinté, l’un des deux colocataires laisse Chatel intervenir. Bye bail.


A côté de cela, l'atelier d'écriture continue son chemin. En 2015, deux ouvrages voient le jour.  Le premier est le fruit d'une année de collaboration autour du fait-divers, Déca Danses.

Le second est quant à lui un témoignage suite aux attentats du début d'année, Je suis Charlie, illustré par Sandrine Rastrelli et écrit spontanément par plusieurs personnes.


Le crayon est en deuil, faut-il se faire un sang d’encre face à cette barbarie ? Alors qu’habituellement, le crayon parle, glisse sur le papier ; aujourd’hui, le voilà qui crie, pointe la censure. Où est la liberté d’expression, la liberté d’écrire, la liberté de penser, la liberté de lire, la liberté d’écouter, la liberté de choisir, la liberté de dire ? La liberté de comprendre. La liberté de chacun s’arrêterait-elle là où commence celle d’autrui ?

N’ayez crainte, on recharge les plumes, les cartouches sont là, l’encre va couler sur le buvard. Même si quelques stylos toussent, repliés au fond des trousses, la révolte des maux par les mots est en marche. Des armées de CMJN et de RVB convergent vers une union colorimétrique. Dans le fond, rien n’est perdu. Aucune main en marge, pas besoin de cinq millimètres, ni de papier millimétré pour lire entre les lignes que le combat n’est pas perdu. Les lettres sont là, en l’honneur de l’être Charlie, mort pour ses idées.

Même si, en ces journées noires, la presse fait grise mine, les courses en critérium vont perdurer, éternel allié de l’humain aux traits acérés. Non, la pointe des stylos n’est pas morte. Alléluia ! Allez, Charlie ! Inch’Allah ! A la pointe des crayons de bois, hebdos unijambistes, canards boiteux, guignols sans canaux, dessinateurs, humoristes, artistes, pointent du bout de leur crayon cet acte terroriste, cet acte criminel, cet acte sans nom.

Le crayon est en berne, tout comme le drapeau bleu, blanc, beur face à ce rouge immaculé, conception peu orthodoxe de la liberté d’expression. Passer tant d’années à croquer la vie, écouler tant de décennies à gommer les animosités, panser tant de siècles à mélanger les couleurs, pour que, soudainement, en quelques jours, deux taille-couillons offrent la possibilité à l’humanité de chambouler les perspectives, brouiller les lignes d’horizon, laisser s’effondrer les contreforts de l’espoir. Punaise ! Que le monde est bancal. Sept janvier. Quatro de marso. September eleventh. Almanach indélicat. Nycthémères ! Le monde perd pied. New-York. Madrid. Paris. Nos jours seraient-ils comptés ?

Le monde est en pen. Pourtant, ce soir, sur mon azerty, j’ai envie d’écrire que je suis Charlie, que je suis Musulman et Français, que je suis chrétien et Palestinien, que je suis Juif et Allemand, que je suis athée et croyant, géographiquement perdu sur une sphère qui s’enterre dans la haine. Alors que je ne suis simplement qu’un homme, locataire lambda de cette putain de planète Terre.

Le crayon est debout, tendu comme une branche, fier comme un tronc. Face à ce massacre, la tronçonneuse n’aura pas le dernier mot. Le papier se recycle, le crayon s’aiguise, les convictions sont intactes. Un incendie détruit les biens autant qu’une arme tue l’homme. Mais la pensée, elle, n’est jamais atteinte. Je pense, donc je suis… Charlie.

Le crayon est noir. Le feutre est rouge. La feuille est blanche. Tout se mélange. Papyrus. Tweets. Parchemin. Posts. Lettres. Mails. Non, vraiment, rien ne se perd, tout se transforme. Un crayon coupé en deux donne naissance à deux crayons aiguisés pour la satire, taillés pour l’humour, prêts pour la dénonciation. La pensée est une fleur libre et le coquelicot, le sang sauvage qui s’en échappe.

En ce début de millénaire, le crayon crie son désarroi ; l’écrivain écrit son horreur ; le dessinateur dessine son émoi ; l’illustrateur illustre sa terreur ; le caricaturiste caricature le monde aux abois.

En police d’imprimerie, s’écrit JE SUIS CHARLIE. En lettres capitales, se lit I AM CHARLIE ! SOY CHARLIE ! ICH BIN CHARLIE !  En lettres minuscules, j’écris : je suis « un » et des millions, je suis charlie. Le crayon est là, représenté par le papier raisin en colère !


En 2016, l'atelier d'écriture sort une aventure hors-norme, leur premier roman, Jeanne. C'est aussi l'année où l'une des participantes, Rose Lacroix, franchit le pas et autoédite son premier livre qu’elle m’invite avec grand honneur à préfacé, Printemps, Eté, Automne, ou le Voyage de Gunther et Adélaïde.

J'accompagne également Christine Roy-Jouvhomme dans la sortie de son livre de sophrologie.


En léger différé et depuis 2013, le Centre Social m'a missionné pour écrire un livre témoignage, Le Centre Social Rural du Vexin-Thelle fête ses 50 ans. Le livre voit le jour le 11 juin 2016, in situ, à Chaumont-en-Vexin. Il réunit 50 témoignages d'élus, personnels et bénévoles ayant fait ou faisant vivre le centre social rural du Vexin-Thelle. Une première commande, un régal…


2017 signe mon retour dans l'autoédition, section jeunesse. Alors que l'atelier d'écriture continue son chemin. Le mois d'avril voit l'arrivée de mon premier roman jeunesse, Moon & le Bouquin Affamé (illustré par Sandrine Rastrelli) connaît un succès fou.

A l'automne, c'est un livre recto-verso, Au dodo, Hugo / A l'eau, Margaux (illustré par Laë) se dévoile pour les tous petits. Nous réécrivons aussi le conte Hansel et Gretel pour une lecture dans une bibliothèque.

J'accompagne aussi Marie Delcourt dans la finalisation de son recueil de nouvelles, ainsi que Rose Lacroix pour son second livre.


En 2018, j'écris pour moi un texte personnel qui s'intitule Vous êtes ici. Peut-être verra-t-il un jour le jour...

Je commence également l'écriture d'un nouveau roman sans savoir s'il aboutira.

Enfin, c'est avec un grand plaisir que j'accompagne une classe de Cm2 de Fresnes l'Eguillon dans l'écriture d'un livre de contes, avec la complicité de Nathalie Gioria aux pastels.


L'année suivante, je prends le temps d'écouter mes grands-parents me raconter leurs vies, leurs jeunesses, leurs rencontres... Je retranscris leurs mots et je leur imprime un exemplaire chacun. Ma grand-mère fête cette année-là ses 90 ans.

Je réalise un livre seul, texte et illustration, pour la décénie de mon couple avec Laë. Rastrello, la course du petit rateau est une aventure loufoque réalisée seul de A à Z.


2020 verra la sortie de mon nouveau roman, Alertez les bébés !


A suivre...